Vous avez des mains de travailleuse plutôt que d’écrivain. Pouvez-vous les décrire ?
Mes mains ont dégonflé en treize ans, mais elles restent rugueuses et pleines d’arthrose. J’avais des mains de pianiste, mais je suis contente d’en avoir fait des mains d’ouvrière, comme si j’étais sortie de la condition à laquelle on me destinait. Il y a un tatouage au bas du pouce. C’est une mouette qui peut voler quand je remue le pouce.
Il vous manque un bout de doigt…
Je l’ai perdu en relevant une ancre. Je voulais le faire sécher pour le porter autour du cou, mais à l’hôpital ils l’ont jeté à la poubelle. Il suffisait pourtant de le saler — on sale bien la viande — alors, pourquoi pas un bout de doigt ?
Vous avez une petite voix très douce. Comment arriviez-vous à vous faire entendre sur le bateau ?
La voix, c’est l’image de nous. Quand je suis à l’intérieur, je ne sais pas quoi faire de mon corps, je ne me tiens pas bien droite, je suis un peu voûtée. À l’extérieur, au contraire, mon corps se déploie et ma voix fait pareil. Avec les troupeaux ou sur les bateaux, elle peut devenir très puissante. Je peux rugir, on m’entend très loin. (…)
Une vie de voyage
Pourquoi l’Alaska ?
Sur le bateau
Une voix douce pour évoquer la rudesse
Aventurière
Même pas peur ?
Des poissons aux moutons
Mains d’ouvrière