Arizona – Il était une fois dans l’ouest

Une vallée monumentale, un Grand Canyon vraiment très grand, des cactus géants, des déserts impitoyables, d’épaisses forêts de pins, on dirait le décor d’un western, on dirait l’Amérique de l’Ouest, on dirait l’Arizona. En selle !

Le film commence. Ils sont neuf. Le shérif armé d’une winchester et le cocher ont pris place sur la banquette à l’avant de la diligence. Les sept autres, plutôt mal assortis, s’entassent contre leur gré dans l’habitacle dépourvu de classe affaires. L’attelage de six chevaux, lancé au triple galop, les emporte à travers Monument Valley. Y en a-t-il un seul pour s’extasier devant les paysages sublimes se déployant tout autour d’eux ? Pas un ! On croit rêver. Tous sont trop occupés à se chicaner pour apprécier le spectacle. Que de cruels Apache de la tribu de Geronimo puissent en vouloir à leur scalp est le cadet de leur souci. « Il empeste ce cigare, vous incommodez Madame », s’insurge un passager. « Excusez-moi, j’aime tellement la fumée qu’il m’arrive d’oublier qu’elle est désagréable aux autres », rétorque le docteur Josiah Boone à qui il arrive aussi d’oublier de regarder par la fenêtre. Que verrait-il en ce moment précis ? Trois monolithes de grès rouge. Trois formidables chicots sculptés par l’érosion durant cinquante millions d’années et jaillissant au-dessus de la plaine désertique. Certes, vu son penchant immodéré pour le whisky, le bon docteur Boone pourrait douter de cette vision apparue à travers les brumes de l’alcool et pourtant, les chicots sont là et bien là : West Mitten Butte, East Mitten Butte et Merrick Butte. Moufle (mitten), un nom qui va comme un gant aux deux premières buttes de forme carrée et affublées sur leur côté d’une colonne ressemblant à un pouce. Ça tombe bien, il y a la moufle droite et la moufle gauche. Quant à Merrick Butte, elle porte le nom d’un prospecteur qui en 1880 trouva à son pied non pas la mine d’argent qu’il convoitait, mais la mort, les Navajos n’ayant pas apprécié qu’il profane ce lieu sacré. Deux moufles donc et un Merrick qui attirent de nos jours quelques centaines de milliers de visiteurs par an. Ah ça, Josiah Boone n’y aurait pas cru ! John Ford lui-même aurait eu quelques doutes.  (…) Lire la suite dans A/R32

Photographe : Thomas Chéné
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Écrit par
Albert Zadar
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