Gasandji - A/R Magazine voyageur 2017

« Sacré » de Gasandji, voyage dans les forêts du Congo-Brazzaville

Qu’êtes-vous allée chercher chez les pygmées Aka que vous ne trouviez plus chez vous ?

Moi-même, en fait. C’est une espèce de retour à soi, un voyage intérieur. On se déplace physiquement, mais c’est surtout pour retrouver son essence. Voilà : je suis allée chercher mon essence.

Comment les pygmées vous ont-ils accueillie ?

Tout était facile, simple, avec beaucoup de partage et des yeux qui brillent… Les pygmées, en général, sont accueillants. Leur situation est difficile dans chacun des pays où ils vivent. Ils sont mal vus. Leurs voisins pensent qu’ils ne sont pas évolués, qu’ils sont restés dans le passé. Du coup, ils aiment que les gens viennent vers eux pour découvrir leur culture. Ils sont pleins de ressources, autant musicales que humaines. Ils connaissent tellement de choses sur la nature, la pharmacopée. Ils sont friands de rencontres. Ils disent « Venez ; nous, on n’a pas peur et on veut aussi apprendre de vous ». Ce sont des gens vraiment ouverts…

Gasandji, votre album s’intitule « Le sacré ». Souvent, en Europe, c’est dans des temples qu’on va le chercher. Vous, c’est dans une forêt tropicale que vous l’avez trouvé ?

Non, pas du tout, je l’ai trouvé à l’intérieur de moi. Ce voyage était une façon de se retrouver sans rien. J’ai quitté mes habitudes pour pouvoir être dans un néant matériel. Lorsque tu n’as plus de portable, plus d’ordinateur, que personne ne peut te joindre, que tu n’as plus de quoi te changer, que tu te passes de douche, que te reste-t-il ? Dans la société occidentale, il faut toujours que quelque chose se passe. Là-bas, il ne se passait que la vie. C’est ça, le sacré : la vie.

Comment allez-vous retranscrire cette expérience sur scène ?

C’est la question à mille dollars ! Je vais faire comme quand je suis rentrée du Congo-Brazzaville avec des heures et des heures de musique et que mon ingénieur du son m’a demandé « Mais qu’est-ce qu’on va faire avec tout ça ? ». J’ai répondu : « On ne va rien faire, on va laisser faire ». La meilleure façon de la retranscrire sur scène va venir d’elle-même…

Le Sacré (Jazz Family)

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Écrit par
François Mauger
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