Le baccalauréat – Cristian Mungiu

Tout commence plutôt bien, même si le docteur Romeo Aldea ne partage plus le lit conjugal. Son épouse et lui se préparent au départ pour le Royaume-Uni de leur fille unique et chérie, Eliza. Il ne reste à cette dernière qu’à passer le baccalauréat. Mais la veille de la première épreuve, elle est victime d’une agression par un inconnu. Choquée et le poignet luxé, elle risque de ne pas obtenir les notes nécessaires à la confirmation de sa bourse, sésame de son départ à l’étranger. Son père, affolé, entame alors une série de démarches administratives officieuses toutes fondées sur le trafic d’influence qui semble bien être le cancer d’une société roumaine en proie à de vieux démons. Fort d’un pessimisme dévastateur et d’une cruauté narrative et scénaristique à toute épreuve, Mungiu décrit avec minutie l’apprentissage de la corruption et la descente aux enfers d’un homme jusque là honnête et mû uniquement par l’amour paternel lequel, comme chacun le sait, est aveugle ! Un casting impressionnant de justesse, dénué de tout second degré qui affaiblirait la force du propos, vient à l’appui de l’implacable démonstration mise en place par Mungiu. Son héros est d’autant plus pathétique qu’il a cru à la construction d’une démocratie réelle dans son pays. Or, non seulement lui, l’ancien exilé politique, choisit d’envoyer sa fille faire ses études à l’étranger, mais pour parvenir à ses fins, il tombe dans les pires travers d’un système contre lequel il s’était insurgé. Alors, oui, noir c’est noir et c’est manifestement roumain. Et pour autant, la caméra de Mungiu reste à hauteur d’homme, c’est-à-dire à hauteur d’un espoir faible, ténu, terriblement fragile, mais qui semble vouloir encore et toujours résister. Baccalauréat est un chef d’œuvre.  Lire la suite dans A/R 35

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Écrit par
Laurent Delmas
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