Imaginez un copain qui reviendrait d’un voyage au Groenland. Un copain qui, en plus, aurait le chic pour raconter les histoires. Mais plutôt que de vous tenir la jambe, il a préféré écrire un livre. Ce copain, c’est Julien Blanc-Gras qui « voyage pour embrasser le réel, sans l’intermédiaire d’un écran ». D’un ton léger et souvent drôle, il nous parle de son Groenland. Il n’omet rien, ni le contexte historique, ni le décryptage géopolitique, ni le réchauffement climatique ou la transformation de la société traditionnelle des Inuits. Tout cela y est, mêlé à ses descriptions de la beauté de la nature dont bien sûr il ne se satisfait pas : « J’en ai marre d’essayer de retranscrire la grâce de la glace ». Curieux, il cherche toujours à rencontrer les autochtones en dépit du barrage de la langue et de coutumes quelquefois écœurantes. Son credo : « Il ne faut jamais refuser l’hospitalité des locaux », même lorsqu’il s’agit de manger « un bout de foie [de phoque cru] frétillant ». Lire Briser la glace est agréable comme feuilleter un album photo, pourtant, sous l’apparente légèreté du récit et parmi les bons mots, les observations affutées et documentées de JBG nous donnent à voir un peuple, son histoire et son présent ; un pays et ses enjeux économiques ; les aurores boréales et les icebergs – beaucoup d’icebergs ! Laure Bonardel
A/R 35
Briser la glace. Julien Blanc-Gras (Paulsen)