Grande-Bretagne : le conte de fées de Sealand, le plus petit pays du monde - A/R Magazine voyageur 2019

Mer du Nord : le conte de fées de Sealand, le plus petit pays du monde

Cette micro nation, non reconnue par l’ONU, bat sa propre monnaie (le Sealand dollar, frappé à l’effigie de la belle princesse Joan) et émet ses timbres poste. Elle a sa devise (E mare libertas, traduisez « liberté de la mer »), son hymne national et bien sûr son drapeau (rouge et noir barré de blanc). Ses sujets possèdent un passeport sealandais. Elle a même formé une équipe de football, et nommé un athlète officiel pour participer aux J.O.

Un bien beau trou du cul du monde

Mais n’allez pas pour autant imaginer une île de rêve… Situé à 7 miles marins des côtes anglaises, ce « territoire » est en réalité une ancienne station militaire off shore, du nom de Fort Roughs Tower, créée pendant la seconde guerre mondiale par la Royal Navy pour protéger l’estuaire de la Tamise des bombardements allemands… Après le conflit, les batteries de DCA ont été désarmées, puis la base laissée à l’abandon au début des années 50. N’imaginez pas non plus un château fort posé sur un romantique rocher, comme celui de L’île Noire de Tintin. Il s’agit en fait d’une plate-forme, sur pilotis de béton armé, hauts de 7 mètres, pareille à celles des installations pétrolières… Un bien beau trou du cul du monde, donc. Battu par le vent et les vagues. Mais dont l’histoire vaut la peine d’être contée…

Naissance de la Principality of Sealand

Fin 1966, un ancien major britannique du nom de Roy Bates prend possession des lieux à bord d’un bateau de pêche. Nous sommes en pleine époque hippie et cet utopiste tendance libertaire cherchait un lieu pour héberger sa radio libre… Le gouvernement de Sa gracieuse majesté l’accuse de piraterie et tente de le déloger. Mais un tribunal tranche la question : sur le plan juridique, la base, construite dans l’illégalité pendant la guerre, constitue un territoire extranational. L’année suivante, Bates déclare la naissance de la Principality of Sealand et proclame son indépendance. Lui et son épouse en sont les souverains. Ils ont nommé un premier ministre, chargé de rédiger une Constitution. Mais dans la vie des princes, le bonheur ne dure jamais longtemps. En 1978, leur premier ministre, d’origine allemande, tente un putsch. Aidé par des complices néerlandais, il capture le prince héritier Michael. Après moult péripéties et négociations, les putschistes sont chassés – grâce à un hélicoptère d’assaut ! Ils forment alors un « gouvernement en exil ».

Depuis l’abdication de Roy Bates en 1999, son fils Michael a repris les rênes de la principauté. En 2017, il hissait les couleurs sur le pont pour fêter les 50 ans d’indépendance de Sealand. Et déclarait vouloir lutter «contre la surveillance de masse des gouvernements ». Entretemps, il s’est acoquiné avec des hackers pour héberger des serveurs : cachés dans les pylônes de béton, ils sont refroidis par l’eau de mer.

Depuis, de nombreuses rumeurs ont couru, propagées par la presse économique : Sealand, où l’impôt est banni, et dont les règles sont d’obédience libertarienne, serait un paradis fiscal prisé des faussaires, des pirates du Net, des escrocs de l’assurance et des casinos en ligne. Et comme il n’y a pas de petit profit, chacun peut acheter un titre de noblesse sur le site officiel de Sealandgov.org. Et devenir… Lord ou Lady. Les moins fortunés se contenteront d’un porte-clefs aux armoiries de la principauté.

© CC BY-SA 3.0

Voir aussi : le site officiel de la principauté de Sealand

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Écrit par
Michel Fonovich
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