Loin des défis éthérés de la haute montagne, l’itinéraire du Cammino Balteo invite à randonner en Vallée d’Aoste, à se laisser glisser hors du temps présent et à s’immerger dans la bulle sereine des villages et des paysages valdôtains.
Le Cammino Balteo s’éloigne du fond de vallée à travers les colonnes des vignobles sur pergola, encore une trouvaille romaine qui permet d’emmagasiner un peu de chaleur sous la treille tout en autorisant d’autres cultures entre les rangs de ceps. Au-delà du village d’Albard à califourchon sur une croupe de montagne, le chemin prend le frais sous des bosquets de châtaigniers dont on glanait jadis les bogues pour en tirer une farine douceâtre, base du « pain des pauvres ». Aujourd’hui, il n’y a plus que les retraités et les chèvres pour ramasser les châtaignes.
Symphonie pastorale
L’arrivée de l’étape suivante à Challand-Saint-Victor donne l’occasion de faire connaissance avec un forgeron mélomane. Mauro Savin a commencé avec des balustrades, des portails ou des outils agricoles avant que son goût immodéré pour la musique ne l’oriente vers la fabrication des sonnailles, ces grosses cloches suspendues au cou des vaches ou des chèvres lorsqu’elles sont dans les alpages. « Chaque animal a sa propre cloche. Ça permet à l’éleveur de savoir si ses bêtes se déplacent, se reposent ou sont en train de manger. Et puis les sonnailles repoussent aussi les démons, ce n’est pas rien ! »
Accordéoniste diatonique, cet artisan singulier met un point d’honneur à peaufiner ses cloches à l’aide d’un diapason, de façon à ce que l’harmonie règne dans le troupeau. Les animaux deviennent alors les membres d’un véritable orchestre. Si la moyenne se situe autour de 3-5 kg, certaines sonnailles peuvent peser près de 15 kg ! Les vaches apprécient-elles de porter cet encombrant et bruyant colifichet autour du cou ? « Bien sûr, tranche Mauro, celles qui n’aiment
pas le son de leur cloche se débrouillent pour avancer sans la faire sonner ». Aujourd’hui dans la Vallée d’Aoste, on ne se contente pas de regarder les troupeaux, on les écoute… Lire la suite dans AR54
Comment y aller
Depuis la Savoie par l’A40 et le tunnel du Mont-Blanc (pour une voiture : 46,30 € l’aller simple, 57,80 € l’aller-retour valable une semaine seulement).
Quand y aller ?
La faible altitude du Cammino Balteo permet des balades pendant toute l’année, même l’hiver. Cependant, le printemps et l’automne sont particulièrement propices à la découverte de la vallée. Éviter le mois d’août saturé par les touristes italiens.
Le Cammino Balteo
Inauguré à la fin de l’automne 2019, cet itinéraire vise à faire découvrir le patrimoine, l’histoire, les villages de la vallée principale. C’est une longue boucle de 350 km qui s’élance d’est en ouest sur la rive gauche de la Doire Baltée avant de revenir par le versant droit. 46 communes de basse et moyenne altitude sont traversées (entre 500 et 1 900 m) en 23 étapes. L’itinéraire est entièrement détaillé sur : www.lovevda.it
Texte et images : Christophe Migeon