Alors que je déambulais sur Langestraat, mon regard fut attiré par une vitrine dans laquelle trônait un surf. Un surf tout neuf et à vendre. Fallait-il en conclure qu’il se trouvait à Bruges un canal assez bien fourni en vagues écumantes pour qu’on y pratiquât ce sport né en Polynésie sur des rivages inlassablement fouettés par le Pacifique ? Jusqu’ici, le côté hawaïen, ukulélé, chemise à fleurs et donc surf de la très vénérable cité flamande, m’avait échappé. J’avais plutôt été renvoyé quelques siècles en arrière, au temps où l’opulente cité marchande employait sa richesse à bâtir des édifices qui résisteraient aux outrages du temps. Beffroi pointant au-delà de 80 mètres, églises et palais gothiques, voire néogothiques, maisons de maître à pignons à redents, basilique abritant l’ampoule du Saint-Sang, soit quelques gouttes du sang du Christ recueillies lors de la IIe croisade par un certain Thierry d’Alsace qui ne voulait pas rentrer à la maison sans un petit souvenir pour sa mie, vieux ponts de pierre jetés au-dessus des canaux, musées exposant les primitifs flamands, des Van Eyck, des Memling, des David, des Van der Goes…, des gars qui, mine de rien, perfectionnaient la peinture à l’huile quand les Italiens en étaient encore à la détrempe. (…)
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