La Bavière est une région riche en traditions et en paysages spectaculaires. Du majestueux Königsee, où l’écho d’une trompette résonne contre les parois rocheuses, aux danses rythmées du Schuhplattler à Inzell, en passant par l’histoire sombre du nid d’aigle et la faune sauvage du parc national de la Forêt Bavaroise, chaque expérience révèle une facette unique de cette région fascinante.

Écouter un air de trompette sur le Königsee
Huit kilomètres de long, 1 250 m de large, 190 m à son point le plus profond… Tandis que le guide assène en allemand des chiffres définitifs sur les dimensions du lac et l’âge du capitaine, les passagers attrapent un torticolis en essayant de contempler les parois du fjord coiffées de lambeaux de brume.

Des escarpements sauvages, ensevelis sous un touffu manteau végétal, se précipitent en silence dans les eaux émeraude du Königsee. Devant la muraille du Mont Watzmann – un genre de Cervin bavarois doté d’une falaise de plus de 2 000 m que les meilleurs grimpeurs négocient en 8 h –, le pilote confie les commandes de la vedette au guide et entame un air de trompette pour défier l’écho.
Se claquer les cuisses à Inzell
Tous les lundis en fin d’après-midi, les Falkensteiner du village d’Inzell se réunissent dans un bâtiment proche de la mairie. Les garçons sont en culotte de peau et les filles vêtues du dirndl. Un uniforme de servantes autrichiennes en vogue au XIXe : tout en corsage, jupe et tablier. Il est possible de le retrouver dans des versions plus ou moins édulcorées dans des boutiques coquines parisienne. Ces jeunes gens ne font rien de sale.

Les gars se contentent de se frapper les cuisses, de se claquer les genoux et les semelles au rythme d’une musique qui donne immédiatement envie d’ingurgiter un litre de bière tandis que les jouvencelles font tournoyer leurs jupons à la manière d’un derviche d’Anatolie sous acides. C’est le Schuhplattler, une danse traditionnelle dont les origines remontent au moins au XIe siècle et qui serait parait-il inspirée de la parade amoureuse du grand tétras.
Prendre un ascenseur vers un nid d’aigle en Bavière
Il y a un moment où il faut bien parler des choses qui fâchent. Les Bavarois, peuple profondément conservateur, avaient en leur temps plutôt fait bon accueil à Hitler et à son Reich de 1 000 ans. En tout cas le Führer s’était senti suffisamment à l’aise en Bavière pour y louer un chalet après sa sortie de prison.

En 1933, il le rachète, fait de gros travaux et le transforme en un palais présidentiel qui deviendra le deuxième siège du pouvoir après Berlin. Dans ce panorama de montagnes enneigées, Tonton Adolf devient l’ami du peuple. Il caresse les joues roses des enfants et fait sauter sur ses genoux les écolières à tresses blondes comme Romy Schneider traînée là par sa mère Magda.
Enfiler une culotte de peau
La Bavière ne plaisante pas avec ses vêtements traditionnels. Le Tracht, loin d’être abandonné au rayon folklore et déguisement de Réveillon, est toujours à l’honneur aux terrasses des Bierstuben, dans les parties de chasse et les repas de famille des dimanches ensoleillés. À Berchtesgaden, derrière les murs lilas furieusement kitsch de l’atelier Aigner, il se fabrique entre 200 et 300 culottes en cuir par an.

Attention, pas du vulgaire cuir de biquette, mais du cuir de cerf. Et du cerf de la région s’il vous plaît ! Un Lederhose standard nécessite déjà une bonne vingtaine d’heures de travail. Rajoutez quelques broderies cousues main et la note dépasse vite les 3 000 €. N’appelez surtout pas cela un short tyrolien. On ne donne ici que dans le style bavarois décliné autour du motif en feuille de chêne.
Photographier des lynx en Bavière
Photographier la faune sauvage des forêts européennes n’est pas un métier. C’est un sacerdoce réservé à quelques ascètes au cuir épais. Parce qu’ils sont capables de passer 5 jours à l’affût dans une guérite glaciale avec pour seuls compagnons un pot de chambre et un thermos de café. Dans le Parc national de la Forêt Bavaroise qui – avec le parc national voisin de Ušmava en Tchéquie – forme le plus grand espace naturel forestier d’Europe centrale. La petite réserve de Neuschönau permet de jouer au chasseur d’images sans avoir à se lever aux aurores. Ce parc de 240 ha abrite donc dans de très vastes enclos les espèces charismatiques de la grande sylve européenne.

Les chances d’apercevoir dans leur milieu naturel des bestioles normalement quasi-invisibles sont ici un peu plus élevées. Le circuit de 7 km de long procure son lot de joies et de déceptions. Puisque la parcelle des bisons partis brouter au diable vauvert reste vide, même le loup n’y est pas non plus. Mais un lynx allongé entre deux rochers au sommet d’une falaise fait vite oublier ces petites contrariétés.
