Tout à l’ouest de l’Autriche, près du lac de Constance, se niche le Bregenzerwald. Cette région du Vorarlberg s’élève jusqu’aux sommets avec des vallées parsemées de maisons de bois. Les traditions y sont toujours vivaces mais côté architecture, cette montagne-là bouscule quelques préjugés avec ses constructions avant-gardistes et durables.


Ça envoie du bois


Avis aux personnes ne maîtrisant pas la langue de Goethe, dans Bregenzerwald il y a «Wald» et qui dit Wald dit forêt. Un nom de circonstance pour une région où les forêts de sapins, d’épicéas, de hêtres et d’ormes prennent leurs aises. Dès le Moyen Âge, les paysans puisent dans cette matière première pour se lancer dans l’artisanat à temps partiel. Ce matériau est aussi l’élément phare des constructions.Tout ce savoir-faire peaufiné à travers les siècles constitue une part importante de l’identité du Bregenzerwald et de ses habitants, les «Wälder».
Au plaisir des architectes et des artisans


Une promenade de village en village (il y en a 23) permet de découvrir que le respect de la tradition n’empêche aucunement l’audace et l’innovation, dans le cadre d’une démarche durable. Parmi les chalets aux façades recouvertes de tavaillons, les célèbres schindeln, pointent des ovnis architecturaux caractérisés par un design minimaliste et des influences cubistes. Une sobriété très chic qui se fond parfaitement dans le paysage.
➡️ Par ici l’architecture insolite :
Le Werkraum Haus à Andelsbuch imaginé par l’architecte suisse Peter Zumthor, lauréat du Pritzker, le Nobel de l’architecture. Un immense toit en bois couvre des façades en verre qui s’élèvent sur un sol en béton. Où est l’intérieur ? Où est l’extérieur ? Tout se confond. Plus qu’une performance architecturale, ce bâtiment sert de vitrine et de lieu d’exposition à une centaine d’artisans de la région, actifs dans les milieux du design, du mobilier et de la construction.


7 abribus ou l’art d’attendre
Conscient que l’architecture ne se limite pas aux maisons et soucieux de marquer davantage son originalité, le village de Krumbach (1000 habitants) a fait appel à sept architectes internationaux, la fine fleur de la profession, quand il a envisagé de remplacer sept arrêts de bus. Attendre son bus, oui, mais attendre son bus dans un cadre qui procure des émotions et élève l’esprit. Ainsi le temps paraît moins long.


➡️ Par ici la curiosité :
Prenez l’arrêtBränden . S’il pleut ou s’il vente, on a vite fait de maudire l’architecte japonais, Sou Fujimoto, qui n’a prévu aucune protection contre les intempéries. Tout à son rêve, il a créé une forêt de barres de fer blanches, entre lesquelles s’élève un escalier. La dernière marche sert de plate-forme d’où l’on peut guetter le bus.
Au pays du fromage


Heureuses, les vaches du Bregenzerwald qui au fil des saisons broutent à trois altitudes différentes selon un rituel ancestral. Après la fonte des neiges, elles remplissent leur panse en arpentant les pâturages de la vallée. Quand elles en ont fini, elles montent jusqu’au Vorsäß, une prairie de moyenne altitude, puis au cœur de l’été se gobergent dans les alpages. Tout cela pour la bonne cause, celle du fromage de montagne qui retient dans sa pâte toutes les nuances d’herbes et de fleurs.
Tout à leur rumination, ces bovins ne se doutent même pas qu’ils contribuent à préserver un paysage culturel emblématique de la région. En tout cas, les amateurs de fromage ne manqueront pas d’aller chez les producteurs pour déguster des spécimens qui dépotent. L’appétit venant en mangeant, pourquoi alors ne pas pousser la porte d’un restaurant gastronomique ou d’une auberge à l’ancienne ?
➡️Par ici la bonne crème :
À la ferme Metzler, rien ne se perd tout se transforme. On produit du fromage de chèvre, mais pas que. On transforme aussi le petit-lait en produits cosmétiques naturels pour les peaux sensibles. Cette ferme est des plus innovantes en Autriche, avec trois bâtiments modernes en bois, béton et galets de la rivière. Elle fonctionne en économie circulaire et a remporté de nombreux prix pour la durabilité.


Randonner et contempler




Pas question de quitter le Bregenzerwald sans randonner. Il serait en effet dommage de négliger 1500 kilomètres de sentiers balisés qui offrent toute la gamme des difficultés. Si l’on tient à s’en mettre plein la vue sans trop tirer sur ses mollets, la boucle de Damüls s’impose. Commencer en montant sur un télésiège, il y a pire comme échauffement. Après une dépose à 1800 m d’altitude, on vise le Hochblanken à 2068 m puis on longe la ligne de crête jusqu’au Ragazer Blanken (2051 m) et le Sünser Spitze (2061 m). Au loin, les eaux bleues du lac de Constance scintillent. Retour en pente douce jusqu’à Damüls à 1423 m d’altitude. Voilà une bonne journée 100% reconnexion à la nature.


Comment s’y rendre ?
En avion
Via Zurich/ Munich/ Stuttgart au départ de Paris, Lyon, Nice
Air France et Swiss
Correspondances vers Bregenz
Train direct de l’aéroport Zurich (1 h 50)
En train
Paris – Basel -Zurich -Bregenz : 6 h 48
Lyon -Genève -Zurich -Bregenz : 8 h 14
En voiture
Île-de-France <> Bregenz, environ 7 h 30
Strasbourg <> Bregenz, environ 3 h 50
Pour plus d’infos sur le Bregenzerwald
En partenariat avec l’Office National Autrichien du Tourisme