Urbino dans les Marches, ça vous dit quelque chose ? Probablement pas. Alors, réjouissez-vous, il vous reste à découvrir, une ville sublime où flotte l’esprit de la Renaissance. La grande beauté existe, elle a pour nom Urbino.

Plus qu’un palais
Palazzo ducale d’Urbino
D’abord prendre de la distance. Monter sur la colline verdoyante en face d’Urbino pour contempler la cité dodue aux briques dorées comme du miel. Par-dessus la crête formée par les toits de tuiles, se détachent sur fond d’azur le dôme de la cathédrale avec son lanternon, le campanile, et un peu plus loin, les torricini, les deux tours du palais à la taille de ballerine, surmontées par deux coiffes pointues. Vision de puissance et de grâce qui laisse l’observateur médusé.
Encore sous le choc, il pénètre dans la ville, remonte la via Raffaello flanquée de majestueuses demeures médiévales jusqu’au parvis de la cathédrale juché au sommet d’une volée d’escaliers. Puis il prolonge sa marche vers le beau et arrive sur la piazza Rinascimento.


Par l’une des trois grandes portes, il accède à la cour d’honneur. Sur la double corniche de marbre blanc qui en fait le tour, ont été gravées les vertus du duc Federico da Montefeltro (1422-1482) qui, on peut le féliciter et le remercier, fit construire par Luciano Laurana ce palais, «le plus beau que l’on trouve dans toute l’Italie», selon l’écrivain Baldassare Castiglione, un habitué de la cour, qui rajoutait: «Il est si bien fourni de toutes choses utiles qu’il ne semble pas être un palais, mais une ville en forme de palais.»
La leçon d’art
Galleria Nazionale delle Marche
Un escalier grandiose conduit aux étages du palais ducal. Au premier, on admire quelques cheminées monumentales qui au XVe siècle faisaient feu de tout bois pour réchauffer les os du duc et de la duchesse da Montefeltro quand dehors le froid mordait les gueux dépenaillés. L’une d’elles arbore sur ses jambages, Hercule à gauche et Iole à droite, tous deux dans le plus simple appareil, preuve que l’âtre assurait une bonne température à la pièce monumentale.

Mais cachons ces seins et organes génitaux que nous ne saurions voir pour nous pencher plutôt sur la Flagellationde Piero della Francesca. Tandis qu’à l’arrière-plan, le Christ désabusé attend tranquillement le premier coup de fouet qui lui entaillera la chair, trois personnages au premier plan discutent sans se soucier de son sort. Bel exemple d’indifférence.
Tiens, une pièce aux murs recouverts de panneaux marquetés en trompe-l’œil. C’est le studiolo où le duc se retirait pour lire ou recevoir des invités… Au deuxième étage, on se régale devant des peintures italiennes du XVIe au XVIIIe siècle: Titien, Orazio Gentileschi, Luca Signorelli, Paolo Ucello… et Federico Barocci (1535-1612), le local de l’étape dont le génie n’est pas encore reconnu à sa juste valeur. Pas de toile de Raphaël, l’autre enfant du pays, qui a connu, lui, la gloire.
Fresques à gogo à Urbino
Oratoire de San Giovanni Battista.
On pourrait y aller qu’à seule fin de jouir de la vue sur le Palazzo ducale, mais on manquerait, c’est regrettable, les fresques de Lorenzo et Jacopo Salimbeni représentant la Crucifixion et la Vie de saint Jean-Baptiste(1416). Du monde et du beau monde dans une débauche d’auréoles et un flamboiement de couleurs.


Pratique
Y aller :
A/R Paris-Bologne Air France à partir de 240 €.Urbino se trouve à 170 km de Bologne.
Dormir :
Albergo Italia. Sa modestie est indigne d’un duc, mais cette auberge a l’avantage incomparable d’être située en face du palais ducal.
Manger :
Antica Osteria da la Stella. Des pâtes, oui, mais des pâtes maison comme les capelettis au bouillon de poule ou les tagliatelles à la truffe blanche.
Lire :
Guide Michelin, Voyages et Cultures, Toscane-Ombrie-Marches.