Terre-Neuve – L’hôtel du bout du monde

Il y a peu de chances de s’arrêter à Terre-Neuve par hasard. Encore moins de chances de s’arrêter à Fogo, une petite île juste au nord. Certains vont jusque dans ce bout du monde pour loger dans un hôtel de luxe planté face à la mer. Cela resterait un peu vain si l’hôtel en question n’était pas au centre d’un projet communautaire de développement économique et si Fogo n’offrait pas des paysages maritimes éblouissants où se glissent à l’occasion des icebergs.

Pendant très longtemps, les morues par millions ont coulé des jours heureux dans ses eaux glacées de Terre-Neuve. À la fin du XVe siècle, Jean Cabot, explorateur italien au service du roi d’Angleterre, s’ébaudissait devant leur profusion. Ses marins, prétendait-il, pouvaient carrément les pêcher au seau. Cinq siècles plus tard, on les compterait presque sur les doigts d’une main au chaud dans sa moufle. C’est qu’à trop tirer sur les filets la morue a fini par quasiment disparaître. Il y a belle lurette que les terre-neuvas ne viennent plus s’échiner à fouiller la mer pendant de longs mois au large de la quatrième plus grande île du Canada qui pourrait contenir douze Corse et je ne sais combien de Corses. Les morues étant « mourues », les terre-neuvas étant passés de vie à trépas, qui donc s’aventure encore à Terre-Neuve ? Et qui donc pousse l’audace jusqu’à se rendre à Fogo, toute petite île égarée sur sa côte nord ? On dit qu’un improbable hôtel de luxe planté sur des rochers face à la mer attire les curieux. Les plus pressés, les plus riches, y arrivent en avion après une escale à Saint John’s, la capitale. Les autres dont je fais partie montent dans une voiture puis sur un bateau après avoir fait escale à Gander. (…)

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Photographe : Philippe Cap
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Écrit par
Albert Zadar
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