Le collectif Tinariwen avait allumé la flamme au début des années 80. Celle d’un rock touareg âpre et lancinant qui portait la voix d’un peuple exilé et en souffrance. Aux guitares électriques impérieuses se mêlaient les voix de choristes féminines. Dans l’immensité du désert, à travers différents pays, il fallait éveiller les consciences et soutenir le moral des ishumars, ces touaregs déracinés, éparpillés et vivant de petits boulots. À une époque, certains ont même troqué leur guitare contre une kalachnikov. Une fois la paix signée, est venu le temps du premier enregistrement de Tinariwen. Les paroles en tamasheq encore gorgées de l’esprit de résistance laissaient filtrer de la douceur pour évoquer la vie de tous les jours. Kedou Ag Ossad, un ancien de Tinariwen, fonde vingt ans plus tard Terakaft, en français : Caravane. Le groupe à géométrie variable produit un groove d’une efficacité hors du commun au son de deux guitares (une rythmique et une solo), une basse solide et des percussions au rythme aussi pesant que le soleil de plomb qui assomme le désert. Du vrai son authentique, intemporel et indomptable à l’instar du sable, si petit qu’il passera partout et si dur qu’il pourrait bien enrayer les rouages du rock devenu, parfois, trop consensuel.
Label : World village – Harmonia Mundi
Alghalem