vue d’ensemble de la Côte de Granit Rose, dans les Côtes d’Armor

Quand la Bretagne voit la vie en rose

Cap sur les Côtes-d’Armor, précisément à l’endroit où elles prennent le nom de Côte de Granit rose. Cap sur un littoral parsemé de spectaculaires rochers roses et adossé au pays de Tréguier et à la baie de Lannion. 

Côte de Granit rose © Loic Lagarde 

Le long du sentier des douaniers qui va de la plage de Trestraou à Perros-Guirec jusqu’à Ploumanac’h en longeant la côte, des rochers de granit rose ont comme été éparpillés par quelque géant vivant il y a fort longtemps, à une époque farouche et ennuyeuse où l’on ne savait encore rien du kouign-amann, du biniou et de Nolwenn.

Pour passer le temps, le pauvre devait passer ses journées à faire des ronds dans l’eau en jetant des cailloux. Certains, atterrissant sur le rivage ont formé ces empilements monumentaux qui affolent le cœur du promeneur d’aujourd’hui, décrochent sa mâchoire.

De l’art brut, du vrai ! Et qui fouette l’imagination. Pour toutes ces formes abracadabrantes, il fallait bien trouver des petits noms de baptême. Reconnaîtrez-vous la Bouteille, le Chapeau de Napoléon, la Guérite des Amoureux, la Tortue, le Crâne, les Chaises de Curé… ?

Le clou du spectacle survient à l’heure où le soleil s’apprête à tirer le rideau. Ses derniers flamboiements avant de disparaître à l’horizon enflamment les rochers, tout baigne alors dans un rose surnaturel, le monde est douceur, le monde est beauté. Et puis tout s’éteint.

La Côte de Granit Rose, sanctuaire des oiseaux

En face de Ploumanac’h, sur l’archipel des 7 îles (île-aux-Moines, île Plate, Bono, Malban, Rouzic, le Cerf et les Costans) les oiseaux, un peu blasés, se disent qu’ils vont pouvoir enfin dormir. Ils sont ici chez eux grâce à l’initiative de quelques amoureux de la nature qui, en obtenant la protection du site en 1912, les sauvèrent des méchants chasseurs.

C’est ainsi que l’on peut voir dans les parages voler des cormorans, des goélands, des macareux, des fous de Bassan, des guillemots de Troïl, des huîtriers pie… Affalés sur des rochers, des phoques gris contemplent dans le ciel leurs arabesques. Pour un peu, ça leur donnerait le mal de mer.

Les trésors de la Côte de Granit Rose

Quittant les lieux, on file vers le pays de Tréguier du côté de la presqu’île de Plougrescant, célèbre pour son gouffre où les jours de tempête, les flots en furie viennent se fracasser. Juste à côté se trouve la très fameuse Castel Meur, une petite maison construite entre deux énormes blocs de granit en 1862.

 

Castel Meur, sur la presqu’île de Plougrescant, sur la Côte de Granit Rose

Littéralement prise en étau, on craint qu’elle soit, un de ces quatre matins, broyée comme une noix. Tournant le dos au large pour se protéger des vents, elle offre sa façade à la vue des promeneurs qui ne manquent jamais de la photographier. On dit même qu’un Japonais serait monté sur son toit dans le but de se faire tirer le portrait. Depuis cet incident toute représentation commerciale est interdite. Voilà pourquoi vous ne verrez pas dans ce reportage la maison si mignonette qui autrefois fut affichée sur des panneaux 4X3 dans le métro parisien pour vanter la Bretagne. À Tréguier, on peut heureusement sortir son appareil photo. Il serait en effet dommage de rater la cathédrale Saint-Tugdual considérée comme l’un des chefs-d’œuvre de l’architecture religieuse bretonne et alentour, les rues et ruelles bordées de bâtisses de granit et de maisons à pans de bois. À Lannion aussi, on se flatte de posséder une église remarquable, l’église de Brélévenez. Pour l’admirer de près, il faut gravir un escalier de granit de 140 marches, flanqué de jolies maisons, qui fait office de petit Golgotha. De là-haut, on domine la ville qui s’étend sur les deux rives du Léguer.

Cathédrale Saint-Tugdual à Tréguier © Thibault Poriel 

Armorik, un breton whisky

En 1900, Léon Warenghem, un gars du Nord un peu à l’ouest crée à Lannion la distillerie Warenghem. Misant sur les liqueurs, il remporte son premier succès avec l’élixir de l’Armorique. Panoramix, lui-même, n’aurait pas renié cette recette à base de 35 plantes qui remporte médaille sur médaille aux expositions internationales.

 


© Distillerie Warenghem – Armorik

 

En 1967, la distillerie à laquelle vient de s’associer Yves Leizour est déplacée à l’entrée de la ville juste au-dessus de la source Rest Avel qui fournit une eau très faible en calcaire après être passée au filtre du granit, une eau qui serait parfaite pour fabriquer un bon whisky. L’idée fait son chemin et en 1987, le premier whisky breton (WB) est créé. En 1998, il accueille un petit frère, Armorik, le premier single malt breton et français. Depuis 2019, la distillerie est labellisée « Entreprise du Patrimoine Vivant », une distinction attribuée par l’État qui récompense l’excellence du savoir-faire français. 

www.bretagne-cotedegranitrose.com

Photos et texte : Charlène Dosio

Partager
Écrit par
Charlène Dosio
Voir tous les articles