Les voyageurs qu’attirent les couleurs chatoyantes des marchés et ceux pour qui le sourire d’un enfant au nez coulant constitue le paroxysme de l’art photographique seront, il faut bien l’avouer, déçus par leur séjour en Islande. Ceux qui, au contraire, attirés par une densité au kilomètre carré proche de zéro et séduits par les natures taiseuses autant que par les vastes étendues, reconnaîtront sans doute dans cette île leur terre d’élection. Évacuons d’emblée quelques autres malentendus : on ne vient ici ni pour la gastronomie, ni pour le patrimoine architectural, ni même pour la culture viking… On vient ici pour voir des paysages que l’œil n’a jamais vu ; pour voir des paysages que les poètes, même en rêve, n’ont su inventer ; on vient ici pour vivre l’expérience du « sublime » et du « grandiose » ; on vient ici pour comprendre enfin le sens du mot « nature » qui, dans nos tristes espaces verts, s’était dévitalisé ; on vient ici pour faire une expérience ultime, l’expérience du paysage. (…)