A la quatrième coupe de Moët et Chandon, Wilko savait tout d’Ivana. Même le nom de son premier amant, un Russe qui s’appelait Igor. Comme il s’en était douté, sa connaissance de la botanique lui permettait tout juste de distinguer une rose d’une tulipe, en revanche, elle n’ignorait rien de la mécanique subtile d’un pistolet Glock. Succombant aux délices des îles, De Villiers avait eu le tort de baisser la garde. Il ne s’était pas méfié devant cette créature et en était mort. Ivana travaillait pour les services secrets bulgares. Sa mission : acheminer clandestinement des cocos-fesses jusqu’au port de Varna sur la mer Noire dans le but de produire un nouveau yaourt brassé au goût de coco-fesse et au pouvoir aphrodisiaque qui allait révolutionner le marché mondial des produits laitiers. Il en allait de l’avenir économique du pays. Wilko avait passé le bras autour des épaules d’Ivana. Il la sentit frissonner et elle approcha son visage. C’était la première fois qu’ils allaient s’embrasser. Elle lança une langue adroite qui fit naître le long de son épine dorsale de divins picotements. Alors que la nuit au bord de la plage s’annonçait des plus prometteuses, Wilko envisageait sereinement de trahir son pays pour l’amour d’Ivana et la gloire du yaourt brassé bulgare à la mode seychelloise. Fin.
Photographe : Franck Ferville