En roulant sur la petite route qui rejoignait la Côte d’Or, Wilko réalisa l’énormité de sa mission. Il devait démanteler un réseau de trafiquants de cocos de mer sans disposer de la moindre piste sérieuse. Coco de mer, c’est ainsi que les marins avaient autrefois baptisé cette graine, car il la trouvaient flottant en pleine mer ou échouée sur les plages. Ne l’ayant jamais vu pousser sur un arbre avant le XVIIe siècle, ils avaient imaginé qu’elle provenait d’un arbre sous-marin, le cocotier de mer. Voilà pour le nom ! Quant au surnom de coco-fesse, il suffisait de contempler les courbes féminines si suggestives du fruit pour l’adopter aussitôt. Qu’on lui prêta des vertus aphrodisiaques du côté de l’Asie n’avait rien de surprenant. En tout cas, l’engouement pour le coco-fesse menaçait désormais sa survie à en croire l’UICN qui l’avait classé en 2011 sur la liste rouge mondiale des espèces en danger. Avant de prendre congé, De Villiers lui avait quand même lâché que sur l’île de Mahé, une botaniste bulgare inconnue menait depuis quelques mois une étude sur le Lodoicea maldivica – le nom scientifique de la coco de mer –, mais avait-il précisé : « cela n’a sans doute aucun rapport avec notre problème. » À l’hôtel, ses préoccupations disparurent à l’instant où il croisa à nouveau la sublime réceptionniste. En prenant la clé, la main de Wilko effleura la sienne. Elle ne la retira pas et un agréable frisson électrisa le dos de Wilko. Comme les cocos-fesses de la Vallée de Mai l’avaient émoustillé, il demanda :
— À quelle heure terminez-vous votre travail ?
— À huit heures
— Voulez-vous vous promener avec moi sur la plage vers neuf heures ?
Elle jeta un regard en coin à ses collègues avant de chuchoter :
— Je vous attendrai à l’extrémité, là où se trouvent les gros rochers de granite.
— Comment vous appelez-vous ?
— Nicole