Des hommes et des bulles
« Le champagne rosé, ça fonctionne bien avec le Chaource », affirme la viticultrice. On ne peut pas lui donner tort. C’est même un euphémisme. Nous sommes en train de déguster un gouton-machon, pique-nique local 100 % maison, dans les vignes, avec vue sur Champignol-lez-Mondeville, village niché au creux d’un vallon de la côte des Bar (Aube). On aimerait s’attarder, faire une sieste bercée par le chant des oiseaux pour digérer le petit festin champêtre concocté par Delphine et Laurent Dumont, la dernière lignée des champagnes R. Dumont & fils. Non contents de produire un nectar qui se marie fort bien avec le Chaource (ce fromage à la croûte fleurie fabriqué à un jet de vache d’ici), ils appliquent ici les principes de la biodynamie et de la viticulture durable. Preuve qu’on peut être ancré dans un terroir depuis des lustres et en phase avec l’époque. www.champagnedumont.fr
Le champagne du Général
Chez Drappier, à Urville, c’est la septième génération qui est aux commandes. Et la huitième s’apprête à prendre la relève de Michel, l’actuel maître des lieux. La cave cistercienne, elle, date du XIIe et elle a été creusée par la fondateur de l’abbaye de Clairvaux, Saint Bernard, dont on entend encore frotter les sandales sur le sol « si on a forcé sur la dégustation », plaisante Michel. Drappier fournit l’Élysée et c’était le champagne préféré de De Gaulle — on y revient — « qui aimait les vins fruités ». La maison fondée en 1808 se projette dans un futur respectueux de la nature. Le patron roule en électrique, les toits sont photovoltaïques, le champagne certifié zéro carbone (toutes les émissions de CO2 sont compensées) et certifié bio depuis 2014. On peut ainsi boire (avec modération) en toute bonne conscience écologique. Si aujourd’hui seulement 3 % des vins de champagne sont bio, la tendance est à la hausse et les conversions se multiplient.
Hautvillers, berceau du Champagne
Dans le village de Hautvilliers, au-dessus des méandres de la Marne, « la perle du Champagne » jouit d’un panorama de vignes dont le prix à l’hectare équivaut à peu près au PIB du Burkina Faso (on exagère). On baguenaude dans les ruelles en suivant les dizaines d’enseignes en fer forgé qui sont la signature stylistique de ce village et on tombe sur l’abbatiale. Dans la nef, on se penche respectueusement sur la sépulture de Dom Pérignon (1639-1715), génie précurseur qui n’imaginait sans doute pas que son invention serait le symbole de la joie et de la bamboche aux quatre coins du monde, trois siècles après sa mort. « Ci-gît Dom Pérignon, pendant quarante-sept ans cellérier dans ce monastère. (…) Qu’il repose en paix, amen. » Et, pour avoir fait danser nos papilles sous des millions de bulles, on ajoutera volontiers : « Merci, frérot. »
Chez Renoir en Champagne
Van Gogh à Auvers, OK. Monet à Giverny, check. Mais avez-vous vu Renoir à Essoyes ? Durant les étés, le génie impressionniste posait ses pinceaux dans ce tranquille village de l’Aube. On y suit aujourd’hui un circuit Renoir, qui mène d’un espace dédié à l’auguste famille (n’oublions pas Jean, le fiston cinéaste) à la maison du maître en passant par son atelier. Le tout au bord de l’Ource, petit affluent de la Seine qui offre un charmant tableau.
Pour plus d’infos:
www.explore-grandest.com
www.tourisme-champagne-ardenne.com
Photos: Nicolas Leblanc