L’amour à sec

Il existe des pays, surtout en Afrique noire, où les femmes font tout pour empêcher la lubrification vaginale. On appelle ça le « dry sex ». Une pratique supposée plaire aux hommes, mais qui est surtout dangereuse, car elle facilite la transmission du sida.

À priori, la lubrification vaginale est une bonne chose. En plus d’être une conséquence naturelle du désir féminin, elle en facilite grandement la mise en pratique — mécaniquement parlant. Il n’y aurait donc aucune de raison de s’en passer. Mais, bizarrement, tout le monde ne pense pas comme ça. Il y a des régions où le must est d’avoir un vagin sec. Cela porte un nom : le « dry sex ».

La pratique est répandue dans un grand nombre de pays africains, du Sénégal à l’Afrique du Sud en passant par le Cameroun… Une étude a montré qu’il était pratiqué par 86 % des femmes en Zambie [1]. Mais le dry sex n’est pas limité au continent africain. On le trouve aussi en Haïti, en République Dominicaine, au Costa Rica, ou bien au Surinam.

Les moyens utilisés pour empêcher la lubrification vaginale varient selon les pays. Les femmes utilisent le plus souvent des herbes ou des feuilles malaxées. Elles peuvent les déposer directement dans le vagin, ou bien les faire chauffer dans une bassine sur laquelle elles s’assoient pour un bain de vapeur. En plus d’assécher le vagin, de telles herbes sont censées le rétrécir et en affermir l’ouverture. Mais il y a des méthodes encore plus agressives. Les femmes sont amenées à introduire dans leur intimité pléthore d’objets aux vertus plus ou moins absorbantes : des tissus, du papier toilette… Et même des pierres ou du gros sel. Pire encore, si l’on peut dire, des détergents ou des antiseptiques sont parfois utilisés !

Les motivations du dry sex sont variables. La plus fréquemment évoquée étant la préférence des hommes pour un vagin étroit et abrasif. Plus de plaisir, paraît-il. Les femmes répondraient donc à cette demande pour s’attacher les faveurs de leur partenaire. Au Zimbabwe, les hommes prétendent même qu’avec le dry sex, la femme est «  comme une vierge ». En plus de ces pseudo-vertus physiques, le dry sex est doté de vertus symboliques ou magiques. En Afrique du Sud, la lubrification vaginale est perçue comme un indicateur de l’infidélité : une femme qui mouille serait une femme qui trompe son mari. Au Sénégal,  le dry-sex découle « de la croyance que le vagin n’est pas une simple partie du corps, mais doit porter la marque d’un travail « artistique » [2]. Le dry-sex est aussi très en vogue chez les travailleuses du sexe, comme l’explique une prostituée africaine : « Si je suis humide, l’homme pense que j’ai eu une relation avec quelqu’un d’autre et il ne voudra pas me payer ».

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Écrit par
Antonio Fischetti
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