Islande : Le défi du sexe sans inceste

Les Islandais sont tous plus ou moins cousins. D’où ce problème : comment éviter l’inceste involontaire ? Une appli peut les aider avant d’engager une relation amoureuse.

Une île colonisée par les Vikings

Il y a un pays ou le risque de consanguinité est bien plus grand qu’ailleurs: c’est l’Islande. D’abord, parce qu’il y a relativement peu d’habitants, environ 370 0000. Et de plus, c’est une île, ce qui limite toujours un peu les déplacements. Cela tient aussi à son histoire. Les Vikings ont colonisé l’Islande aux environs de l’an 874. Les Islandais actuels sont quasiment tous des descendants de ces colons. Ils ont donc de grandes chances d’être plus ou moins cousins. Reste à savoir à quel rang.

IslandigaApp

C’est dans ce but qu’est créée l’application IslandigaApp qui s’appuie sur le site internet Íslendingabók, soit «Le livre des islandais». Ce site s’efforce de recenser tous les habitants de l’Islande depuis 874, (les registres d’état civil étaient heureusement bien consignés). La banque de données comporte actuellement 900 000 personnes, soit une très grande partie de tous les Islandais depuis le début de la colonisation. Dès lors, vous entrez deux noms sur le site, et le logiciel indique leur degré de parenté. Celui-ci s’exprime en terme de «branches»: une branche entre un frère et une sœur, deux branches avec un cousin germain, et ainsi de suite…

A retrouver en podcast « L’Islande ou le défi du sexe sans inceste »

Au départ, ces outils n’ont pas été développés dans un but sexuel. Le but était d’assouvir la curiosité généalogique, comme en témoigne Thordis : « Le site a été créé en 2003.

J’avais alors 11 ans, et dans ma classe, il est devenu tout de suite populaire. On voulait savoir si on avait un lien de parenté avec un ami ou une star comme Bjork. » C’est bien beau de savoir si l’on est cousin avec une célébrité. Mais la personne la plus intéressante, c’est tout de même celle sur laquelle on vient de flasher.

Le site et l’application « anti-inceste » sont donc devenus des auxiliaires de la vie amoureuse. Thordis nous explique la procédure : « Si c’est juste pour une relation d’un soir, on ne s’en occupe pas.

Mais quand ça devient sérieux, par exemple au troisième rendez-vous, on commence à chercher les liens de parenté. » La jeune femme a rencontré son petit copain il y a trois ans, et ils ont aussitôt entré leurs noms sur le site Íslendingabók : « On a découvert qu’on est cousins à la huitième branche. Ce n’est pas gênant, car c’est le cas de quasiment tous les Islandais. Il y en a aussi beaucoup qui sont reliés à la 6e ou 5e branche, et ça va encore. C’est à partir de la 3e ou 4e branche, qu’on considère que cela devient gênant pour entretenir une relation. »

Retrouvez les chroniques d’Antonio Fischetti dans AR61-Hiver 2023 et dans le podcast Sac à dos et libido, disponible sur toutes vos plateformes préférées.

Textes : Antonio Fischetti

Photos : Frank Ferville

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Écrit par
Antonio Fischetti
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