Hommage aux pénis : le dernier épisode du guide du queutard à Reykjavik

Si vous êtes en voyage en Islande, et que vous avez envie de voir autre chose que des geysers, vous pouvez découvrir une autre spécialité du pays : le pénis. C’est dans une rue banale de Reykjavik, derrière une vitrine plutôt discrète, que l’on découvre un lieu absolument unique : le « Phallological Museum ». Si vous pensiez savoir à quoi ressemble un phallus, vous risquez d’avoir des surprises.

Éloge de la diversité

Inutile de craindre une ambiance pornographique ou sordide. L’essentiel de la collection est constitué de pénis d’animaux dans des bocaux de formols. Il y en a des gros, des minuscules, des droits, des biscornus, des torsadés… Une bonne partie du règne animal membré est représentée : taureau, zèbre, morse… Le plus impressionnant est un pénis de baleine de plus d’un mètre et demi. De quoi rabattre le caquet du pire macho. Sur un mur, pend également une peau séchée de zob d’éléphant (plus d’un mètre). À l’opposé question taille, il y a aussi des spécimens de quelques millimètres, tel cet os pénien de renard (en effet certains animaux — mais pas l’homme n’en déplaise à certain [e] s — possèdent des os dans le pénis). Le plafond est orné de lustres aux abat-jours translucides, dont on apprend qu’ils sont constitués de scrotum de boucs ou de cerfs : difficile d’imaginer qu’une peau de couille, même étirée au maximum, produise autant de surface.

Les femmes d’abord

C’est précisément cette ambiance très sérieuse qui évite à l’établissement de tomber dans la vulgarité. Le musée a été fondé en 1997 par Sigurdur Hjartarson, un ancien professeur d’histoire. « Un jour, un ami de Sigurdur lui a offert un pénis de baleine, raconte, Hjörtur Sigurdson, le directeur de l’établissement. De là est née l’idée de faire un musée sur le pénis. Ce qui, au départ, était une blague est devenu un projet sérieux. Puis au fil des ans, la collection s’est étoffée essentiellement grâce aux dons. Des biologistes, des chasseurs ou des vétérinaires du monde entier nous envoient des pénis. » Les spécimens biologiques reçoivent le soutien de divers objets plus ou moins artistiques ou ethnologiques : phallus en verre ou en bois, tasses en forme de bite, talisman phallique en os… Les rares représentations érotiques sont des bibelots cachés derrière une vitrine recouverte d’un rideau, que soulèvent discrètement les visiteurs – ou plutôt les visiteuses, car, toujours d’après Hjörtur Sigurdson, « le public est composé à 65 % de femmes ». Elles arborent généralement des sourires amusés et se font photographier devant les plus gros engins (preuve que, quoi qu’on en dise, la taille compte quand même). On croise ainsi deux Françaises : Ornella, une jeune femme venue de Lorraine avec sa maman Nathalie. La première se réjouit : « Ici, au moins on rigole, ce qui est rare dans un musée. » La seconde s’étonne   : « Incroyable ce pénis de cochon. Pourtant on habite à la campagne et on a l’habitude de voir des animaux, mais je ne savais pas que le cochon avait un pénis en tire-bouchon comme sa queue. » On peut aussi trouver un intérêt esthétique à cette visite. C’est le cas d’une Anglaise, comme scotchée depuis quelques minutes devant un pénis de girafe aux formes baroques : « Je fabrique des marionnettes, et je trouve qu’on peut regarder ces pénis comme des sculptures. »

Ecce homo

En revanche, si vous êtes en quête de zizis plus familiers, vous risquez de rester sur votre faim. En effet, le musée ne comporte qu’un seul pénis humain. Cest celui d’un homme de 95 ans qui en avait fait don au musée à sa mort. Dans le formol, l’organe est si rabougri qu’on peine à imaginer l’allure qu’il pouvait avoir. Nous apprenons à cette occasion que sept ou huit hommes ont déjà proposé de léguer leur pénis. Ma foi, c’est une façon assez originale d’entrer au musée (et pour les exhibitionnistes, d’exhiber leur pénis impunément). Mais en attendant d’être morts, profitez encore, messieurs, du spectacle en bocaux.

Pratique

 

Y aller

Wow Air propose un A/R quotidien Paris CDG — Reykjavik. 4 vols par semaine entre mai et septembre depuis Lyon. www.wowair.fr

Dormir

Exeter Hotel. Face au port, à deux minutes du centre-ville et une dizaine de minutes du musée du phallus. Bar et restaurant sympa et jeune. Également un sauna. Ch. double à partir de 168 €. www.keahotels.is

Musée du phallus

Ouvert toute l’année. Entrée 12 €. www.phallus.is/fr

 

 La suite dans AR46

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Écrit par
Antonio Fischetti
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