Au sud de la Bretagne, la mer lassée de l’agitation du grand large a trouvé un refuge dans une échancrure de la côte. C’est un golfe tranquille où des îles gracieuses se prélassent en se riant des tempêtes. À l’abri derrière ses remparts, Vannes, ne se lasse pas de contempler sa « petite mer » (mor-bihan) tout en chérissant les balcons du golfe, ces « terres hautes » parsemées de dolmens, menhirs, chapelles et ruines mystérieuses.
Île d’Arz: Moulin à marée de Berno
Construit au XVIe siècle sur l’île d’Arz, le moulin à marée de Berno fonctionne jusqu’au tout début du XXe. Puis n’ayant plus de grain à moudre, il déprime, se laisse aller et s’écroule, tout comme sa digue. Quand en 1994, un illustre enfant de l’île, Jean Bulot, décide de lui redonner vie, on crie « Au fou ! », car tout n’est plus que ruines. Hercule, lui-même, n’en aurait pas voulu comme treizième travail. Pas de quoi cependant décourager Jean et tous les bénévoles de l’association Moulin de Berno. Grâce à leur engagement total, la roue du moulin tourne à nouveau en 2000 ! Mission accomplie, mais au fait, comment ça marche un moulin à marée, M. Bulot ? « La digue longue de 340 mètres forme un bassin de retenue à l’arrière du moulin qu’on appelle l’étang. Elle comporte une vanne par laquelle l’eau s’engouffre à marée montante jusqu’à remplir le bassin. Quand la roue du moulin côté mer est asséchée, soit trois heures après la pleine mer et trois heures après la basse mer, on ouvre une petite vanne et l’eau de l’étang en se déversant dans la mer actionne la roue. Mais dès que les pales de la roue baignent à nouveau dans l’eau du golfe, elles ne peuvent plus tourner. »
Et vogue le Krog e Barz
Ce bateau est la réplique d’un langoustier de 1910 qui navigue en père peinard dans le golfe du Morbihan et dans la baie de Quiberon jusqu’aux îles de Houat et de Hoedic. Il n’empêche qu’il a de la gueule ce langoustier en plus d’un nom qui mérite une explication de la part de son jeune capitaine, Alan Saulnier : « “Krog e Barz” est la version abrégée de la formule “krog e barz, n’eo ket tom” qui signifie “croche dedans, c’est pas chaud.” En clair, ça veut dire “Sors-toi les mains des poches, tire sur les bouts, mets la main à l’ouvrage, tu vas pas te brûler les doigts !” » Et c’est ce qu’on fait, parce qu’on n’est pas des langoustes et qu’on a deux bras pour aider le second, un autre Alan, soit hisser les voiles, les affaler, les ferler ou tenir la barre franche quand le temps permet à des néophytes comme nous de se la jouer Tabarly. Partis de Port-Navalo à l’extrémité de la presqu’île de Rhuys et poussés par une aimable brise, nous voguons sur le golfe en direction de la rivière d’Auray. Au retour, une bouteille de blanc – ou est-ce deux ? – dégustée sur le pont ne nous fait même pas dévier du cap. Le Krog e Barz rentre au port sans hésitation comme ses vieux chevaux qui retrouvent l’écurie les yeux fermés.
Plus d’informations : www.krog-e-barz.com
Vannes : Le street art ne rase plus les murs
Vannes, ses remparts, sa tour du Connétable, ses maisons à pans de bois, son château de l’Hermine, son château Gaillard, ses rues pavées, sa cathédrale Saint-Pierre ; Vannes la précieuse, la discrète, la bourgeoise, la classique, mais aussi, et cela ne manque pas de surprendre, Vannes la rebelle, la provocatrice, la sensible. En 2017, Maks Leyso fut l’un des initiateurs du projet « Vannes et sa street » qui invitait les artistes à s’approprier la ville. Street art et graffitis étaient donc les bienvenus. Maks est aujourd’hui membre de l’association L’Art Prend la Rue laquelle pilote DéDalE (Des Expériences Des Artistes Lieu Éphémère) un projet artistique qui, dans le droit fil de « Vannes et sa street », dépote. Artistes locaux, nationaux et internationaux sont invités à créer dans les anciens bâtiments de la Direction Départementale de l’Équipement situés sur les quais. Chaque bureau se transforme ainsi en œuvre d’art du sol au plafond. Hélas, fidèle à sa vocation de lieu éphémère, DéDalE baissera le rideau à la fin de l’année. Comme prévu donc, l’association L’Art Prend la Rue prend la porte, mais a bien l’intention d’encore faire parler d’elle et des artistes urbains qu’elle défend. Un itinéraire piétonnier de trois kilomètres entre le Palais des Arts et DéDalE permet de s’en payer une bonne tranche.
Activité : Balade urbaine. Vannes. 2 ou 3 visites par semaine entre 9h et 12h. Départ devant le Palais des Arts jusqu’au Dédale. Informations et réservations auprès de l’office de tourisme, tél. : 02 97 47 24 34.
Visite guidée à pied des œuvres de Street-art / Graffiti de la ville + Visite du 1er étage de DéDalE. 2 ou 3 fois par semaine entre 9h et 12h sous la houlette de Maks, un guide avec de solides connaissances sur les artistes de rue ayant participé à la réalisation des murs de l’événement « Vannes et sa Street » situé dans la Rue du 8 Mai. Départ devant le Palais des Arts (Place de Bretagne) jusqu’à DéDaLe. Tarif : 8 € adulte, 6 € enfant (8 à 12 ans). Informations et réservations auprès de l’office de tourisme, tél. : 02 97 47 24 34 ou 02 97 53 69 69.
Plus d’infos
Office du tourisme Golfe du Morbihan Vannes Tourisme. Quai Tabarly, Vannes. Tél. : 02 97 47 24 34. www.golfedumorbihan.bzh
Texte : Michel Fonovich