Ce n’est pas la taille qui compte et la Bourgogne le prouve. Ses vins sont célébrés partout dans le monde et les plaisirs qu’ils procurent sont intenses alors que son vignoble est minuscule. Alors, comment expliquer pareille performance ? Certains évoquent les climats, d’autres invoquent l’histoire… cela méritait d’aller creuser.
Bernard Pivot, grand amoureux des mots et du vin, en sait quelque chose : « En Bourgogne quand on parle d’un climat, on ne lève pas les yeux au ciel, on les baisse sur la terre. » […] Cela mérite un approfondissement. Officiellement, le climat désigne une parcelle de vignes unique et son nom fait référence à son origine, à la nature du sol, au relief, à l’exposition, à l’hydrométrie… Son nom qui devient celui du vin. Ainsi Montrachet, le meilleur vin blanc du monde selon certains, évoque un mont pelé. […] Qui dit climat, dit monocépage. Les Bourguignons n’ont en effet pas trouvé mieux pour révéler la diversité des sols : le pinot noir cher à Philippe le Hardi pour les vins rouges, le chardonnay pour les vins blancs. En 1935, les AOC en officialisant les climats (plus de 1200) et les crus consacrent la réussite d’une viticulture bourguignonne centrée sur le terroir et entérinent la mosaïque des climats. Ne restait plus pour eux qu’à recevoir l’onction de l’Unesco avec une inscription sur la liste du patrimoine mondial. C’est fait depuis 2015.
Autant en emporte le van
Nicolas Chambon aime la Bourgogne, les vins de Bourgogne et les vieux combis Volkswagen. Et ça tombe bien, car il tient l’Ermitage de Corton, un charmant hôtel-restaurant à Chorey-les-Beaune, il sert les meilleurs vins à ses hôtes et il possède un magnifique combi 15 fenêtres de 1975, un combi venu du Brésil où il roulait dans les plantations de café. Là-bas, la boîte courte était bien utile pour grimper les collines et l’est restée pour se balader sur la côte de Beaune entre Aloxe-Corton et Pernand-Vergelesses. Sur ses banquettes pimpantes ne s’assoient plus des ouvriers, mais des clients désireux de mieux comprendre ce qui se trouve dans leur verre. « On a une relation de confiance. Comme je leur ai servi à boire chez moi, ils n’ont pas peur de poser des questions cons. Et puis, dans le combi il y a une bonne ambiance, je passe de la musique des années 60-70, Joe Dassin, Dario Moreno, Bardot, Les Poppys… On s’arrête, on marche dans les vignes, on interprète les sols, on évoque l’histoire, le savoir-faire, car une bouteille ce n’est pas que 75 cl », explique Nicolas. Halte obligée sur la colline de Corton avec vue sur le village de Pernand-Vergelesses, symbole de la douce France. Dans le cimetière repose Graeme Allwright à qui l’on doit la chanson Sacrée bouteille. Étonnant, non ?
La Bourgogne qui pétille
On l’oublierait presque, mais Pierre Jury, directeur adjoint de Boisset Effervescence (Louis Bouillot) est là pour nous le rappeler : « La Bourgogne pétille aussi, elle n’est pas que tranquille. » Comprendre : il y a des vins sans bulles, les plus connus, et d’autres avec des bulles, en l’occurrence le crémant qui représente 10 % des vins de Bourgogne. Autrefois tous les domaines en produisaient. La maison Louis Bouillot, elle, ne jure que par le crémant depuis 1877. Pour le fabriquer, elle compte sur les irremplaçables pinot noir et chardonnay auxquels elle adjoint, selon les cas, l’aligoté et le gamay. À Nuits-Saint-Georges, dans une demeure du XVIIIe siècle, elle vient d’ouvrir La Verrière, un ravissant lieu d’exposition (parcours immersif) et de dégustation où flotte un parfum Belle Époque. Plus question de buller, il faut s’imprégner et goûter.
Plus d’infos : bourgogne-tourisme.com